Le feu
Attrapez la flamme au vol, qui crépite et qui décolle. Le feu, ça
colle. Ca colle si vous envoyez vos mots, vos rêves, vos boussoles,
qu'ils vont du ciel au sol, et que le feu les attrape!
Ca colle ce qui fond. Flammes, chaleur, fusion.
Prenez
garde aux émotions, brûlent les bois de vos pensées. Le feu, ça
s'étend. Au-delà du bois, au-delà de l'âtre, du foyer, du briquet.
Prenez garde aux extensions!
C'en est fatigant à la fin, ce feu qui brûle, colle, s'étend... Ne pourrait-il rester éteint ?
Je crains que non : s'il n'était jamais, il ne serait pas. Le feu
n'existe pas sans flamme, sans braise, sans cendre.
A l'attaque! L'eau
jaillit sur lui, veut qu'il cesse, ou plutôt... De par son être,
l'arrête. Mais ne décide rien d'elle-même. Elle agit sur demande,
d'homme ou de météo.
Pour le feu c'est trop tard, ou trop tôt.
Il se
rit d'elle, galope à terre, libre, ivre, fier!
Sacré feu ou feu sacré... Car oui, on le hait, on s'indiffère ou on
l'adore... Pour chanter et danser, pour voir en nuitées, pour effrayer
le trop sauvage...
Et puis... Il est des flammes qui mènent au
mariage... Gare aux amants qui convolent! Leur feu s'allume, se
consume, parfois s'inhume.
Le feu s'attache. Même si moins que la mousse tache, surtout de chocolat.
La parole est à l'accusé :
"Je pétille et crépite. Etincelles. Braises. Et à la fin : cendres.
On danse et chante alentours, je suis au milieu, je vous vois. Et puis... cendres. Tous au lit! Ou tous au jour!
J'absorbe
le feuillage. J'absorbe le bois, j'absorbe la forêt. On s'intéresse à
moi, on veut me calmer, m'éteindre. On y arrive, ou pas. Je veux
pouvoir décider de ma vie, de commencer, de m'arrêter.
Vous avez peur, avouez ?
J'aime. Je suis puissant, je suis chaud, je suis vif et communicatif."
Aucun jury ne rendra son verdict, le tribunal a... brûlé...
Peu importe! Quand voici venir le feu, le bois qui brûle à doux bruit, allons dans ma chaumière, vite bel homme allons...