Les Colchiques
D'après le "cahier d'ami(e)s" retrouvé ce soir, c'était mon poème préféré lorsque j'avais 13/14 ans. Et je me souviens l'avoir étudié en classe, et qu'on avait du mal à comprendre "y fleurit tes yeux[...]" Le pré est vénéneux mais joli en automne Les enfants de l'école viennent avec fracas Le gardien du troupeau chante tout doucement
Les vaches y paissant
Lentement s'empoisonnent
Le colchique couleur de cerne et de lilas
Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-la
Violatres comme leur cerne et comme cet automne
Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne
Vêtus de hoquetons et jouant de l'harmonica
Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères
Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières
Qui battent comme les fleurs battent au vent dément
Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent
Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l'automneGuillaume Apollinaire